La CNIL a choisi le manga pour sensibiliser les ados à la cybersécurité
Le manga est aujourd’hui l’un des formats les plus prisés par les adolescents, en particulier dans la tranche des 11 à 15 ans. Accessible, rythmé, visuel et souvent immersif, il parvient à capter l’attention d’un public qui délaisse volontiers les supports traditionnels. C’est dans ce contexte que la CNIL a choisi de miser sur ce média pour sensibiliser les jeunes aux enjeux de la vie privée et de la cybersécurité.
Plutôt que d’opter pour une brochure ou un livret explicatif, l’institution a fait le pari de l’immersion narrative. À travers des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier et des situations proches de leur quotidien numérique, L’Agence Privacy permet de transmettre des messages forts sans être moralisateur. Les notions complexes (mot de passe, identité numérique, consentement) sont ainsi intégrées naturellement dans le fil de l’histoire.
Le choix du manga est un levier pédagogique à part entière. Là où un discours descendant échouerait à captiver, la fiction permet d’ouvrir une discussion, de susciter l’empathie et de favoriser la mémorisation. En transformant un sujet perçu comme technique ou abstrait en aventure palpitante, la CNIL utilise un outil moderne et adapté aux réalités éducatives d’aujourd’hui.
L’Agence Privacy : un outil pédagogique gratuit et réutilisable partout
Avec L’Agence Privacy, la CNIL s’engage dans une véritable trilogie pédagogique pensée sur le long terme. Trois tomes sont d’ores et déjà planifiés avec une parution échelonnée entre 2025, 2026 et 2027. Ce découpage narratif permet de suivre l’évolution des personnages et d’aborder de nouvelles problématiques numériques à chaque épisode : usurpation d’identité, désinformation, cyberharcèlement, IA… autant de sujets importants que les adolescents rencontrent de plus en plus tôt.
Consciente de la portée internationale de ces enjeux, la CNIL prévoit également une traduction anglaise du premier tome afin d’en étendre l’usage au-delà des frontières francophones. Cette initiative reflète une volonté d’ouvrir la réflexion à l’échelle européenne et mondiale dans un contexte où la protection des données personnelles devient un enjeu commun à tous les systèmes éducatifs.
L’Agence Privacy (le nom du manga de la CNIL) est publié sous licence Creative Commons qui autorise une réutilisation libre dans un cadre scolaire, associatif ou institutionnel. Enseignants, médiateurs numériques et animateurs peuvent ainsi intégrer le manga à leurs actions de sensibilisation, l’adapter à leurs publics et le diffuser sans contrainte. Une décision qui favorise l’essaimage de la culture numérique responsable et renforce la mission d’éducation citoyenne portée par la CNIL.
Synopsis du tome 1 : un duo d’enquêteurs du numérique
Au cœur de L’Agence Privacy, on retrouve un duo complémentaire de jeunes enquêteurs : Inaya et Isidore.
Inaya est vive, intuitive et dotée d’un sens aigu de l’observation sociale. Elle repère les non-dits, comprend rapidement les comportements suspects et sait poser les bonnes questions au bon moment.
Isidore, de son côté, incarne le profil du geek méthodique : rationnel, passionné de cybersécurité, il maîtrise les outils techniques, les protocoles de chiffrement et l’analyse de logs comme un pro.
Ensemble, ils forment une cellule d’investigation spécialisée dans les incidents numériques impliquant des données personnelles. Leur mission n’est pas de punir, mais de comprendre ce qui s’est passé, d’identifier les failles et surtout de prévenir les récidives. Leurs enquêtes mêlent psychologie, outils techniques et pédagogie en expliquant les mécanismes des attaques, ils sensibilisent aussi bien les victimes que les lecteurs.
L’affaire du réseau fantôme
L’intrigue du tome 1 démarre dans un climat de mystère. Trois élèves d’un même établissement sont soudainement victimes de cyberattaques : vols d’identité, messages malveillants, comptes bloqués, informations privées diffusées sans consentement. Rien ne semble relier ces incidents… jusqu’à ce que les enquêteurs découvrent une liste manuscrite, retrouvée dans un local technique incendié. Ce document, volontairement caché, contient les noms exacts des élèves ciblés.
Ce point de départ lance Inaya et Isidore dans une course contre la montre. Qui a établi cette liste et pourquoi ? Quels liens unissent les victimes ? L’enquête les conduit à explorer des failles dans une application scolaire, des règlements de comptes numériques mais aussi des manipulations plus larges orchestrées par des individus jouant sur l’ignorance des adolescents face aux dangers numériques.
Peu à peu, le duo met à jour un système organisé de surveillance et d’exploitation des données personnelles. Ce réseau fantôme, invisible pour la plupart des élèves, semble être bien plus qu’un simple piratage…
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