Ubuntu est réputé pour sa stabilité. Mais entre les mises à jour classiques, les mises à jour du noyau, le nettoyage du système et les montées de version, il est facile de croire que tout est à jour alors que plusieurs couches du système ne le sont pas. Ce guide vous propose une méthode complète pour mettre à jour Ubuntu à 100 %, que vous soyez sur Desktop ou Server. Rien n’est laissé de côté.
Mettre à jour tous les paquets logiciels sous Ubuntu
Avant de penser à changer de version ou à mettre à jour le noyau, il est essentiel de commencer par mettre à jour tous les paquets logiciels déjà installés sur votre système Ubuntu. Cela inclut les bibliothèques, applications, dépendances et fichiers système fournis par les dépôts officiels. Mais attention : toutes les commandes de mise à jour ne font pas la même chose et certaines laissent de côté des paquets importants si on ne va pas plus loin que le classique apt upgrade
.
Voici comment procéder étape par étape pour être sûr que tout ce qui peut être mis à jour l’est effectivement, sans exception.
Mise à jour classique avec sudo apt update && sudo apt upgrade
La méthode la plus courante pour mettre à jour Ubuntu consiste à exécuter :
sudo apt update && sudo apt upgrade
Voici ce que fait chaque commande :
apt update
télécharge la liste des paquets disponibles depuis les dépôts configurés dans le système (mais n’installe rien).apt upgrade
installe les mises à jour des paquets déjà installés, à condition que ces mises à jour ne nécessitent ni la suppression ni l’ajout de nouveaux paquets.
Cette méthode est sûre, rapide et elle évite toute modification risquée de dépendances. Mais elle peut laisser de côté certains paquets, ceux qui impliquent des suppressions ou des remplacements importants.
Cas fréquents de paquets « non mis à jour »
Si vous voyez apparaître ce genre de message :
Les paquets suivants ont été conservés :
linux-image-generic grub-efi-amd64
C’est que apt upgrade
refuse de les mettre à jour car cela entraînerait des changements de structure (comme remplacer un ancien paquet ou en ajouter un nouveau). Dans ce cas, le système n’est pas complètement à jour, même si aucune erreur n’est affichée.
Mise à jour complète avec sudo apt full-upgrade
Pour aller plus loin et s’assurer que tous les paquets sont à jour (y compris ceux qui nécessitent des suppressions ou des remplacements) on utilise :
sudo apt full-upgrade
Cette commande :
- Met à jour tous les paquets disponibles
- Autorise l’installation de nouvelles dépendances
- Accepte la suppression des anciens paquets inutiles ou obsolètes pour permettre la mise à jour d’un paquet critique.
C’est aussi cette commande qui assure que le méta-paquet linux-generic
pointe vers la toute dernière version du noyau disponible dans les dépôts.
Découvrez comment activer les mises à jour automatiques sur Ubuntu.
Vérifier et mettre à jour le noyau Linux sur Ubuntu
Si la plupart des utilisateurs mettent à jour leurs paquets régulièrement, peu savent si leur kernel est à jour ou s’ils tournent encore sur une version obsolète. Pourtant, le noyau est le cœur du système, celui qui fait le lien entre votre matériel et votre système d’exploitation.
Le noyau Linux évolue en permanence. À chaque nouvelle version, il apporte :
- des correctifs de sécurité pour des failles critiques
- une meilleure compatibilité matérielle (périphériques récents, SSD NVMe, Wi-Fi, etc.)
- des améliorations de performance, de gestion mémoire ou de support du multi-core
- des nouvelles fonctionnalités système (comme le support de filesystems ou de modules avancés).
Ne pas mettre à jour son noyau, c’est s’exposer à des vulnérabilités connues déjà corrigées.
Installer la dernière version du noyau depuis les dépôts Ubuntu
Sur Ubuntu, la méthode la plus sûre pour mettre à jour le noyau est d’utiliser le méta-paquet suivant :
sudo apt install linux-generic
Ce paquet agit comme un lien vers la dernière version stable du noyau disponible dans votre version d’Ubuntu. Il permet de mettre à jour automatiquement :
linux-image-*
: le noyau lui-même,linux-headers-*
: les fichiers nécessaires pour compiler des modules.
⚠️ Si votre système est déjà à jour, cette commande ne fera rien. Mais si vous êtes sur une ancienne version du noyau (par exemple après un long gel), elle installera la dernière disponible sans risque.
Une fois le nouveau noyau installé, vous devez redémarrer votre ordinateur pour qu’il soit chargé au démarrage.
sudo reboot
Après redémarrage, vous pouvez vérifier avec avec uname -r
que la version correspond à la plus récente.
Nettoyer Ubuntu après la mise à jour : libérez de l’espace et évitez les conflits
Une fois tous les paquets mis à jour et le noyau Linux installé, une dernière étape souvent oubliée consiste à nettoyer le système. Ubuntu conserve beaucoup de fichiers inutiles après les mises à jour : anciennes dépendances, kernels obsolètes, caches de paquets… Tout cela occupe de l’espace et peut, dans certains cas, provoquer des conflits ou ralentissements.
Voici comment faire un nettoyage en profondeur, sans mettre votre système en danger.
Ubuntu dispose de plusieurs commandes dédiées à l’entretien du système.
Supprimer les dépendances et paquets devenues inutiles
sudo apt autoremove
Cette commande identifie les paquets installés automatiquement (en tant que dépendance d’un autre logiciel) mais qui ne sont plus utilisés.
C’est notamment le cas :
- des anciennes versions du noyau,
- de bibliothèques orphelines,
- ou d’anciens pilotes qui ne sont plus nécessaires.
Nettoyer le cache de paquets .deb
sudo apt autoclean
Cette commande supprime du cache tous les paquets .deb
téléchargés qui ne sont plus disponibles dans les dépôts (anciens, obsolètes).
Et si vous voulez tout nettoyer même les paquets encore disponibles :
sudo apt clean
apt clean
vide tout le cache des paquets, ce qui n’est pas toujours utile. En général, autoclean
suffit et évite de retélécharger les mêmes fichiers ultérieurement.
Gagner de l’espace disque et éviter les conflits système
Ubuntu conserve par défaut plusieurs versions du noyau. Après une mise à jour complète, le système peut contenir :
- le noyau actif (le plus récent),
- un ou plusieurs anciens noyaux (de secours),
- leurs fichiers headers et modules associés.
En moyenne, chaque noyau complet (image + headers) occupe 200 à 300 Mo. Si vous ne nettoyez jamais, l’espace disque peut vite être saturé sur les petites partitions /boot
.
sudo apt autoremove
Cette commande identifie les noyaux obsolètes (non utilisés au démarrage) et propose de les supprimer en toute sécurité.
Vérifier si une mise à niveau d’Ubuntu est disponible
Ubuntu publie une nouvelle version tous les 6 mois (avril et octobre), mais seules les versions LTS (Long Term Support) sont maintenues pendant 5 ans.
Exemples de LTS :
- Ubuntu 20.04 LTS (Focal Fossa)
- Ubuntu 22.04 LTS (Jammy Jellyfish)
- Ubuntu 24.04 LTS (Noble Numbat)
Si vous utilisez actuellement une version LTS, Ubuntu ne vous proposera automatiquement la mise à niveau vers la suivante qu’après la sortie de la version pointée .1
, comme 24.04.1 dans notre cas. Cette précaution vise à garantir une meilleure stabilité pour les utilisateurs professionnels et serveurs. Cependant, il est possible de forcer l’accès anticipé si vous souhaitez migrer plus tôt.
sudo do-release-upgrade --check-dist-upgrade-only
Si la commande n’affiche aucune version disponible, cela signifie soit que vous êtes déjà sur la version la plus récente, soit que la nouvelle version est encore en cours de stabilisation et n’est pas encore proposée par défaut.
Lancer la mise à niveau vers la nouvelle version de Ubuntu
Une fois votre système préparé, vous pouvez lancer la migration vers la version supérieure.
Vérifier que l’outil est installé
Le gestionnaire de mise à jour en ligne de commande est fourni par le paquet update-manager-core
, généralement présent par défaut. Si ce n’est pas le cas, installez-le manuellement :
sudo apt install update-manager-core
Lancer la mise à niveau de Ubuntu
Une fois prêt, lancez la commande suivante pour démarrer le processus de migration :
sudo do-release-upgrade
⚠️ Note : Il est possible que certains logiciels tiers ou dépendances spécifiques ne soient pas encore compatibles avec la nouvelle version. En cas d’environnement critique, il est recommandé de tester la migration sur une machine de préproduction.
Ce qu’il va se passer durant la mise à niveau :
- Les sources de logiciels seront modifiées pour pointer vers les dépôts de la nouvelle version (par exemple, passer de
jammy
ànoble
). - Des centaines, voire des milliers de paquets seront téléchargés, puis mis à jour automatiquement.
- L’outil vous demandera de confirmer certaines actions, comme le remplacement de fichiers de configuration personnalisés ou la suppression de paquets devenus obsolètes.
- Enfin, une fois toutes les opérations terminées, le système vous proposera un redémarrage pour appliquer complètement la nouvelle version et charger le nouveau noyau.
Dernière étape après le redémarrage : finaliser la mise à jour
Une fois le système relancé, il est conseillé d’exécuter une dernière commande pour vous assurer que tout est parfaitement à jour :
sudo apt update && sudo apt upgrade
Cela permettra d’installer d’éventuelles dernières mises à jour publiées depuis la migration (correctifs de dernière minute, traductions, métadonnées de dépôts…).