Microsoft n’a pas perdu 400 millions d’utilisateurs Windows : une maladresse de communication a trompé tout le monde

Microsoft n’a pas perdu 400 millions d’utilisateurs Windows : une maladresse de communication a trompé tout le monde

Un chiffre a fait le tour du web : Microsoft aurait perdu 400 millions d’utilisateurs Windows en seulement trois ans. De nombreux médias ont relayé cette information sans nuance, semant le doute sur l’avenir du système d’exploitation le plus utilisé au monde. Pourtant, la réalité est tout autre. Ce prétendu effondrement n’est pas basé sur des données concrètes, mais sur une lecture trop hâtive d’un billet officiel mal rédigé. Dans cet article, on démêle le vrai du faux, source à l’appui.

Annonce officielle de Microsoft en 2022 : 1,4 milliard d’appareils actifs par mois

En janvier 2022, Microsoft communique un chiffre fort : Windows est utilisé sur plus de 1,4 milliard d’appareils actifs mensuellement. Ce nombre, publié dans plusieurs supports officiels, sert à illustrer la position dominante du système d’exploitation à l’échelle mondiale. Il inclut l’ensemble des versions récentes de Windows, tous types de terminaux confondus (PC personnels, machines professionnelles, appareils industriels). Cette base de référence devient alors un marqueur public de la santé de l’écosystème Windows.

À cette période, Windows 10 est l’OS le plus utilisé dans le monde, bénéficiant d’un cycle de vie prolongé et d’une adoption massive en entreprise comme chez les particuliers. Windows 11, lancé en octobre 2021, amorce lentement sa montée en puissance, mais reste freiné par des exigences matérielles strictes (TPM 2.0, Secure Boot). La base installée reste donc très majoritairement sur Windows 10, ce qui explique le chiffre élevé de 1,4 milliard d’appareils actifs.

Modification d’un billet Microsoft mentionnant plus d’un milliard sans précision.

En juin 2025, un billet publié sur le blog officiel de Microsoft évoque que Windows « fonctionne sur plus d’un milliard d’appareils actifs chaque mois ». La formulation surprend. D’abord parce qu’elle semble en retrait par rapport aux 1,4 milliard annoncés trois ans plus tôt, mais surtout parce qu’elle n’est accompagnée d’aucune note méthodologique ou précision contextuelle. Aucun indicateur n’est donné pour confirmer ou infirmer une baisse, ce qui laisse place à l’interprétation.

La documentation de Microsoft a été modifiée pour préciser qu’il s’agit toujours de plus de 1,4 milliard d’appareils.
La documentation de Microsoft a été modifiée pour préciser qu’il s’agit toujours de plus de 1,4 milliard d’appareils.

Cette communication floue ne s’inscrit dans aucun tableau de bord. Contrairement aux habitudes de Microsoft dans ses précédentes publications (lors des phases de croissance de Windows 10), aucun rapport détaillé ne vient actualiser les chiffres. L’absence de données actualisées alimente alors le doute et les observateurs n’ont d’autre choix que de comparer avec les derniers chiffres connus : ceux de 2022.

Face à cette apparente baisse, plusieurs analystes, puis médias spécialisés, concluent à une perte nette de 400 millions d’utilisateurs en trois ans. Cette déduction, pourtant non confirmée par Microsoft, se répand rapidement dans les réseaux sociaux et la presse technologique. Le récit d’un effondrement massif de la base utilisateur Windows prend forme, alors même qu’il repose uniquement sur une différence de formulation et non sur une baisse réelle.

Comment les médias ont amplifié une fausse information ?

Dès la publication du billet ambigu de Microsoft, plusieurs sites francophones et anglophones ont repris le chiffre supposé : une chute de 1,4 milliard à « un peu plus d’un milliard » d’appareils actifs. En l’absence d’explication claire, la comparaison entre les deux chiffres s’est rapidement imposée comme une évidence. Un effet boule de neige alimenté par la mécanique virale des réseaux sociaux et des agrégateurs d’actualités. Des plateformes influentes comme Tom’s Hardware, Windows Latest, Frandroid ou Generation-NT ont tous titré sur la disparition de 400 millions d’utilisateurs Windows et amplifier une lecture erronée des faits.

Cette diffusion s’est accompagnée d’une série de titres accrocheurs, souvent sans vérification approfondie. Expressions alarmistes, formulation sensationnaliste, absence de sources croisées : tous les ingrédients d’une désinformation technique étaient réunis. Le phénomène illustre un cas d’école dans le traitement médiatique des données chiffrées, où la recherche du clic prime parfois sur l’analyse rigoureuse. Peu de médias ont pris le temps d’interroger la formulation de Microsoft, encore moins de vérifier si des données actualisées existaient ailleurs dans l’écosystème.

Mise à jour officielle : retour à plus de 1,4 milliard

Face à la confusion générée par sa propre communication, Microsoft a discrètement modifié son billet de blog officiel pour corriger l’ambiguïté. La mention initiale de « plus d’un milliard d’appareils Windows actifs » a été remplacée par « plus de 1,4 milliard », confirmant ainsi que la base d’utilisateurs est toujours stable par rapport aux chiffres de 2022. Cette rectification, bien que tardive et peu médiatisée, dissipe le malentendu initial. À aucun moment Microsoft n’a indiqué ou confirmé une perte de 400 millions d’utilisateurs. Il n’existe donc aucune preuve concrète d’un effondrement massif de la base Windows, ni dans ses publications officielles, ni dans les données du marché.

Une lecture attentive des sources tierces permet également de remettre les choses en perspective. Des indicateurs comme les statistiques Steam, NetMarketShare ou StatCounter ne montrent aucune baisse brutale du nombre d’utilisateurs Windows.

Source: StatCounter Global Stats – OS Market Share

Ces outils reflètent au contraire une stabilité globale, voire une légère croissance de Windows 11. Il faut également rappeler que le chiffre annoncé par Microsoft agrège l’ensemble des versions de Windows (10, 11), tous segments confondus : particuliers, entreprises, éducation, PC industriels, bornes, etc. Certes, certains appareils peuvent avoir été désactivés, recyclés ou remplacés, mais pas dans des proportions qui expliqueraient une baisse de 400 millions. Ce chiffre relève donc d’une extrapolation erronée, déconnectée des réalités mesurables.

Sources et ressources

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À propos de l'auteur

Adrien Piron

Moi c’est Adrien. Informaticien à Nantes le jour, fondateur d'Assistouest Informatique et passionné de SEO à toute heure. Sur ce blog informatique, je partage ce que j’aurais aimé lire.

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