Le dépannage informatique à domicile bénéficie aujourd’hui du même avantage fiscal que l’aide ménagère ou la garde d’enfants. Pourtant, le dispositif des services à la personne créé pour soutenir les publics dépendants est désormais utilisé par presque tout le monde. Si l’assistance numérique peut être vitale pour un senior ou une personne en situation de handicap, elle relève le plus souvent d’un simple confort pour les autres. Il devient donc légitime de se demander si cet avantage fiscal n’a pas perdu sa raison d’être.
Une dépense publique difficile à justifier
Au départ, les services à la personne avaient pour mission de soutenir les retraités, les personnes âgées et les foyers dépendants. Le dispositif visait à faciliter la vie quotidienne, à maintenir l’autonomie des plus fragiles et à créer des emplois de proximité dans des domaines essentiels comme l’aide ménagère ou l’assistance aux personnes handicapées.
Progressivement, son champ d’application s’est élargi à des prestations de confort qui s’éloignent de cette vocation sociale. Le jardinage, le coaching ou l’assistance informatique sont venus s’ajouter à la liste, brouillant la frontière entre besoin et service pratique. Ce glissement a transformé une politique d’aide solidaire en dispositif fiscalement avantageux pour des foyers qui n’en ont pas réellement besoin.
En s’ouvrant à tout type de service, le système perd de sa cohérence et détourne partiellement les ressources publiques de leur objectif initial. Ce qui devait renforcer la solidarité sociale tend désormais à encourager une consommation de services déconnectée des véritables situations de dépendance.
Une aide publique qui ne profite pas à ceux qui en ont besoin
Le crédit d’impôt de 50% censé encourager le recours aux services à la personne, profite surtout à des foyers qui n’en ont pas réellement besoin. Il bénéficie principalement à des ménages à l’aise financièrement, capables de faire appel à un technicien sans que cette aide change quoi que ce soit à leur quotidien. Ce dispositif financé par l’ensemble des contribuables s’éloigne de son objectif initial qui consistait à soutenir les personnes dépendantes, isolées ou en perte d’autonomie.
Un dépannage informatique à domicile coûte en moyenne 60€, un montant raisonnable pour la majorité des bénéficiaires actuels du crédit d’impôt. Ces foyers disposent des moyens nécessaires pour avancer les frais, ce qui montre que cette aide fiscale ne leur est pas indispensable. Pendant ce temps, les personnes âgées, handicapées ou fragiles pour qui ce service représente un véritable soutien restent très minoritaires parmis les bénéficiaires.
L’argent public finance désormais le confort numérique de foyers autonomes, tandis que les publics les plus vulnérables demeurent à l’écart. En s’éloignant de son esprit d’origine, le dispositif perd sa dimension solidaire et contribue à renforcer une forme d’assistanat inversé, où l’aide profite à ceux qui pourraient aisément s’en passer.
Pour un recentrage du dispositif sur les publics fragiles
Le dépannage informatique à domicile prend tout son sens lorsqu’il s’adresse à des personnes réellement dépendantes. Pour un senior isolé, un retraité ou une personne en situation de handicap, cette aide n’est pas un service de confort mais un véritable soutien du quotidien. Elle permet de rester en contact avec sa famille, d’effectuer des démarches administratives en ligne ou simplement de conserver une forme d’autonomie.
Réserver le statut de service à la personne à ces publics fragiles redonnerait une cohérence sociale à un dispositif qui s’est peu à peu éloigné de sa mission initiale. Le crédit d’impôt ne devrait pas récompenser le confort des foyers autonomes mais encourager les interventions qui maintiennent le lien social et l’indépendance des plus vulnérables.
Un recentrage de cette aide publique ne priverait personne d’un service de dépannage informatique, mais il permettrait d’en réserver les avantages fiscaux à ceux qui en ont réellement besoin.
