C’est un chiffre qui donne le tournis : 1,02 Pbit/s. C’est le débit atteint par des chercheurs japonais sur une distance de 1 808 km, battant tous les records précédents. Et non, il ne s’agit pas d’un câble expérimental hors normes : la fibre utilisée est standard, compatible avec les infrastructures actuelles. Ce qui rend cette percée d’autant plus prometteuse pour l’avenir d’Internet.
Fibre optique : le Japon bat un record mondial avec 1,02 Pbit/s sur 1 800 km
Avec un débit de 1,02 pétabit par seconde transmis sur une distance de 1 808 kilomètres, les chercheurs du NICT et de Sumitomo Electric ont établi un nouveau record mondial en matière de fibre optique. Ce volume de données équivaut à plus d’un million de connexions fibre classiques, le tout maintenu sur une distance intercontinentale. Ce n’est pas seulement la vitesse qui impressionne, mais la stabilité et l’endurance du signal.
La prouesse repose sur une fibre optique dite 19 cœurs, un type de câble qui contient 19 canaux physiques indépendants dans un seul brin, tout en conservant un diamètre standard de 0,125 mm. Autrement dit, ce câble est compatible avec les gaines et équipements existants, ce qui évite les coûteux travaux d’adaptation habituellement nécessaires aux nouvelles technologies.
| Année | Débit | Distance | Technologie utilisée | Type de fibre | Produit Capacité-Distance |
|---|---|---|---|---|---|
| 2025 | 1,02 Pbit/s | 1 808 km | Fibre 19 cœurs + amplif. MIMO | Standard (19 cœurs) | 1,86 Eb·km/s |
| 2024 | 402 Tbit/s | ~50 km | 6 bandes spectrales optiques | Standard monocœur | ~20 Pbit·km/s |
| 2023 | 1,7 Pbit/s | 63 km | Multicœur + multiplexage SDM | Fibre spéciale | ~107 Pbit·km/s |
Mais le plus remarquable reste le produit capacité-distance : avec 1,86 exabit-km/s, cette performance dépasse tous les précédents records. Cela en fait une avancée majeure pour les futures infrastructures numériques longue portée où l’on cherche à conjuguer débit maximal, portée étendue et déploiement réaliste.
Le Japon prend une longueur d’avance sur le marché mondial de la fibre
Le record établi par le Japon en mai 2025 dépasse la simple démonstration technique : il ouvre des perspectives de marché considérables pour les années à venir. Dans un monde où la demande en bande passante explose sous l’effet du cloud computing, de l’intelligence artificielle, de la montée en puissance des objets connectés, des villes connectées et des futurs réseaux 6G, cette avancée répond à un besoin structurel : transporter toujours plus de données, toujours plus loin, avec toujours moins de pertes.
Grâce à l’utilisation d’une fibre optique standard à 19 cœurs, ce type d’infrastructure pourrait être déployé sans surcoût majeur, en réutilisant les conduits et équipements existants. Cela permettrait une réduction drastique des coûts de transit sur les longues distances, en minimisant les relais intermédiaires et la consommation énergétique. Un avantage concurrentiel décisif pour les opérateurs dans les zones intercontinentales et les dorsales numériques.
Cette technologie représente un enjeu stratégique majeur pour les États : contrôle des infrastructures critiques, souveraineté numérique, indépendance énergétique… L’adoption précoce de ces fibres multi-cœurs pourrait devenir un levier d’influence pour les grandes puissances, dans un contexte où la maîtrise des flux de données conditionne de plus en plus l’économie, la défense et la recherche.
Fibre optique : le Japon et la Chine dominent la course au débit
Avec ce nouveau record, le Japon confirme son rôle de leader technologique dans les télécoms optiques grâce à l’expertise combinée du NICT (National Institute of Information and Communications Technology) et du groupe industriel Sumitomo Electric. Leur approche repousse les limites tout en conservant une compatibilité avec les infrastructures existantes, ce qui en fait une avancée à fort potentiel de déploiement réel.
La Chine de son côté investit massivement dans les fibres multi-cœurs et les technologies de multiplexage spatial, avec des projets pilotes sur son territoire et une volonté affichée de dominer les standards futurs. Les États-Unis concentrent leurs efforts sur l’innovation logicielle et le cloud, mais restent en retrait sur le plan des records physiques récents. Quant à l’Europe, elle avance plus prudemment, souvent freinée par des disparités nationales et un manque de coordination stratégique dans le domaine des infrastructures de pointe.
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À propos de l'auteur
Adrien Piron
