Linux déçoit en France, le système d’exploitation n’a pas su saisir sa chance

Entre août 2024 et septembre 2025 Linux a connu une envolée spectaculaire en France avec une part de marché desktop qui a doublé pour atteindre 11 %. Cette progression fut pourtant de courte durée puisque dès le mois suivant l’OS libre est revenu à son niveau habituel. Entre curiosité et désillusion beaucoup d’utilisateurs ont testé Linux puis réinstallé Windows.

Une évolution des parts de marché spectaculaire mais éphémère

En août 2024 Linux se situait autour de 4,5 % de parts de marché sur desktop en France, un niveau modeste mais relativement stable qui confirmait son rôle d’acteur secondaire face à Windows et macOS.

Quelques mois plus tard, durant l’été 2025, la situation a semblé s’inverser avec un bond inédit jusqu’à 11 %. Ce record marquait un véritable tournant et traduisait l’intérêt soudain de nombreux utilisateurs, probablement motivés par l’échéance de la fin du support de Windows 10 prévue pour octobre 2025.

L’embellie a cependant été de courte durée. Dès septembre 2025 Linux est retombé autour de 5 %, effaçant presque tout le gain accumulé et ramenant sa courbe au niveau habituel. Cette oscillation brutale illustre davantage un épisode d’expérimentation qu’une adoption durable de l’OS libre..

Les raisons de la montée de Linux

La fin de Windows 10 a joué un rôle déterminant dans cette poussée. Avec l’arrêt du support prévu pour le 14 octobre 2025, de nombreux utilisateurs ont anticipé la transition et cherché une alternative. Plutôt que de basculer directement vers Windows 11, certains ont choisi de tester Linux, séduits par la promesse d’un système libre et indépendant de Microsoft. Cette migration préventive a contribué au pic observé à l’été 2025.

Les communautés open source ont également su profiter de ce contexte. Des campagnes comme End of 10 ont multiplié les messages pour encourager la transition en insistant sur les bénéfices économiques et écologiques. Garder un ordinateur ancien en état de marche grâce à Linux revenait à prolonger sa durée de vie, éviter des dépenses inutiles et limiter les déchets électroniques.

Vient ensuite la question de l’accessibilité, Windows est un environnement familier pour la majorité avec une interface uniforme et une compatibilité quasi universelle. À l’inverse, Linux propose une grande diversité d’environnements de bureau qui peut dérouter.

Les distributions modernes comme Ubuntu, Linux Mint, Kubuntu ou Fedora sont devenues beaucoup plus simples à installer et à utiliser. Les formats universels comme Flatpak ont facilité l’accès aux logiciels et réduit les problèmes de compatibilité. Même le jeu vidéo, longtemps talon d’Achille de Linux est devenu plus crédible grâce à Steam et Proton qui permettent de faire tourner un nombre croissant de jeux populaires sur Linux.

Les freins qui ont provoqué le retour vers Windows

Si Linux a suscité la curiosité, il n’a pas réussi à transformer l’essai face aux forces bien établies de Windows. Le premier frein reste la compatibilité logicielle et matérielle. De nombreux logiciels professionnels utilisés dans le monde de l’entreprise ou pour la création spécialisée (EBP, Photoshop et bien d’autres) ne disposent pas de version native sous Linux. À cela s’ajoutent des périphériques encore mal pris en charge, qu’il s’agisse d’imprimantes, de scanners ou de certaines cartes graphiques dont les pilotes sont limités. Pour un utilisateur qui attend une expérience sans réglages techniques, ces obstacles sont rapidement rédhibitoires.

Les habitudes jouent aussi un rôle important. L’ergonomie et l’organisation de Windows sont devenues des standards auxquels des millions d’utilisateurs sont attachés. Passer à Linux signifie réapprendre des réflexes, explorer de nouvelles interfaces et accepter un environnement qui fonctionne différemment. Même avec des environnements modernes comme KDE Plasma ou GNOME, l’adaptation demande un effort que beaucoup ne sont pas prêts à fournir.

Microsoft a annoncé un programme d’extension de support pour Windows 10 gratuit pendant un an en Europe. Cette décision a rassuré de nombreux utilisateurs qui ont préféré repousser la question de la migration plutôt que de s’engager dans un changement complet d’OS. Linux n’a pas su profiter de ce délai pour convaincre sur le long terme.

Une chance manquée sur le marché du desktop

L’année 2025 restera comme un moment particulier pour Linux sur desktop. La perspective de la fin de Windows 10 lui a offert une visibilité inédite et un afflux d’utilisateurs curieux, prêts à tenter l’expérience d’un système libre et indépendant. Pourtant, cette occasion n’a pas été transformée. Après un pic historique, la majorité des nouveaux venus est repartie vers Windows, confortée par ses habitudes, sa compatibilité logicielle et l’extension de support proposée par Microsoft.

La transition forcée vers Windows 11 continue de représenter une opportunité pour Linux, mais l’épisode de 2025 montre qu’il faudra plus que la curiosité pour convaincre durablement. Seule une amélioration réelle de la simplicité, de la compatibilité et de l’expérience utilisateur permettra à l’OS libre de transformer l’essai et d’aller au-delà de son rôle d’alternative de niche.