Opera dépose plainte antitrust auprès de CADE contre Microsoft pour promotion forcée d’Edge

Opera dépose plainte antitrust auprès de CADE contre Microsoft pour promotion forcée d’Edge

Microsoft se retrouve une nouvelle fois dans le viseur d’un concurrent. Le navigateur norvégien Opera vient de déposer une plainte antitrust auprès du régulateur brésilien CADE, l’accusant d’abus de position dominante en faveur de son propre navigateur, Microsoft Edge. En cause : des pratiques jugées déloyales, allant de la pré-installation forcée à des manipulations de l’interface utilisateur pour décourager l’usage de navigateurs alternatifs. Cette action marque une nouvelle étape dans la lutte pour l’équité sur le marché des navigateurs web.

Opera accuse Microsoft d’imposer Edge par défaut dans Windows

Opera reproche à Microsoft de tirer profit de sa position dominante dans l’écosystème Windows pour imposer son navigateur Edge comme solution par défaut, dès la première utilisation. La plainte souligne que ce choix est systématique, sans réelle alternative proposée à l’utilisateur lors de la configuration initiale. Microsoft limiterait activement la capacité des constructeurs (OEM) à préinstaller des navigateurs concurrents comme Opera et brident ainsi la diversité logicielle dès la sortie de l’usine.

Le navigateur norvégien dénonce également l’usage de dark patterns dans l’interface de Windows. Selon Opera, Microsoft emploie des tactiques visuelles trompeuses (fenêtres intrusives, messages alarmants ou boutons d’acceptation visuellement plus proéminents) pour dissuader les utilisateurs de modifier leur navigateur par défaut. Ces manipulations sont conçues pour maintenir Edge, même lorsque l’utilisateur tente explicitement d’en changer.

La réinitialisation fréquente du navigateur par défaut lors de certaines mises à jour de Windows. Opera estime que ces réinitialisations forcées annulent les choix de l’utilisateur, sans notification et rendent le passage à un autre navigateur frustrant voire inutilement complexe. Ce comportement (déjà critiqué par le passé) persisterait malgré les engagements antérieurs de Microsoft à offrir plus de transparence.

La plainte s’attaque aussi au mode restreint de Windows (S-Mode). Dans ce mode, l’installation de logiciels extérieurs au Microsoft Store est bloquée, ce qui exclut de facto tout navigateur ne respectant pas les critères stricts de Microsoft. Opera voit dans ce verrouillage un exemple flagrant de concurrence par design, où l’architecture même du système d’exploitation limite artificiellement l’accès à des alternatives.

Opera demande une enquête formelle contre Microsoft au Brésil

Dans sa plainte déposée le 29 juillet 2025, Opera formule également des demandes auprès du régulateur brésilien CADE afin de mettre un terme à ce qu’il considère comme une distorsion délibérée du marché des navigateurs, au profit d’Edge.

Opera demande en premier lieu l’ouverture d’une enquête formelle afin d’examiner en profondeur les mécanismes mis en place par Microsoft dans l’environnement Windows. Cette enquête viserait à établir si les comportements dénoncés relèvent effectivement d’un abus de position dominante ou d’une stratégie d’exclusion des concurrents.

Parmi les mesures correctives envisagées, Opera souhaite que CADE interdise les pratiques de verrouillage, telles que le mode S de Windows, qui empêche l’installation de tout logiciel extérieur au Microsoft Store. L’entreprise appelle également à une égalité de traitement entre les navigateurs au niveau des réglages par défaut, des associations de fichiers (PDF, liens web) et des permissions système.

Opera exige également la fin des interfaces manipulatrices qui influencent négativement les décisions de l’utilisateur. L’entreprise espère que le Brésil, à l’instar de l’Europe avec le Digital Markets Act, imposera des règles strictes pour garantir une expérience neutre lors du choix d’un navigateur web.

Opera relance le débat sur l’équité numérique face à Microsoft

La plainte déposée par Opera contre Microsoft ravive un débat ancien toujours d’actualité : celui de l’équité dans l’écosystème numérique dominé par quelques plateformes ultra-puissantes. En s’adressant au régulateur brésilien, Opera ouvre un nouveau front en dehors des traditionnels bastions réglementaires que sont l’Europe ou les États-Unis. Le Brésil pourrait ainsi devenir un laboratoire d’expérimentation pour encadrer les pratiques jugées abusives des acteurs dominants. L’issue dépendra désormais de la volonté du CADE d’ouvrir une procédure formelle, une décision qui pourrait bien faire cas d’école.

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À propos de l'auteur

Adrien Piron

Professionnel de l’assistance informatique depuis plusieurs années, j’ai fondé Assistouest pour répondre aux besoins des utilisateurs : diagnostic, dépannage et maintenance.

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