Le marché informatique traverse une phase de renchérissement durable, visible aussi bien sur les cartes graphiques que sur les PC assemblés et portables. Si la disponibilité des GPU est régulièrement mise en cause, la mémoire RAM joue un rôle bien plus structurant dans cette dynamique. Son coût, sa rareté et son importance croissante dans les usages modernes expliquent en grande partie pourquoi les prix augmentent et pourquoi ces hausses s’installent dans le temps.
Pourquoi la pénurie de RAM entraîne la hausse des cartes graphiques et des PC ?
- La mémoire vidéo pèse lourd dans le prix des cartes graphiques
- Les PC deviennent plus chers à configuration équivalente
- Une pénurie de RAM partie pour durer jusqu’en 2028
La mémoire vidéo pèse lourd dans le prix des cartes graphiques
La mémoire vidéo occupe désormais une place majeure dans la conception des cartes graphiques modernes. Les capacités embarquées augmentent génération après génération, car les GPU doivent stocker toujours plus de données directement accessibles. L’exemple d’une RTX 5090 équipée de 32 Go de GDDR7 illustre bien cette tendance. Cette mémoire intégrée représente une part significative du coût de la carte graphique et influe directement sur son positionnement tarifaire.
Il est important de distinguer la RAM système de la mémoire vidéo. La RAM système est utilisée par le système d’exploitation et les applications, tandis que la mémoire vidéo est exclusivement dédiée au processeur graphique. Elle sert à stocker les textures, les modèles 3D, les shaders et les buffers nécessaires à l’affichage en temps réel. Plus cette mémoire est rapide et abondante, plus le GPU peut maintenir des performances élevées sans ralentissements.
Les besoins en mémoire ont fortement augmenté avec l’évolution des jeux modernes. Textures haute définition, mondes ouverts et effets graphiques avancés consomment de plus en plus de VRAM. Aujourd’hui, 8 Go de mémoire vidéo est un seuil minimal pour jouer dans de bonnes conditions, mais cette capacité montre déjà ses limites sur de nombreux titres récents. Dans plusieurs cas, elle ne permet pas d’activer des réglages graphiques élevés, ce qui pousse les joueurs vers des cartes plus chères et accentue mécaniquement la hausse des prix du marché.
La pénurie de RAM fait monter le prix des cartes graphiques
Les cartes graphiques sont structurellement dépendantes de la mémoire vidéo qui les accompagne. Chaque GPU nécessite un volume précis de GDDR pour fonctionner à son niveau de performance attendu et cette mémoire représente une part significative du coût de fabrication. Lorsque la RAM devient plus rare sur le marché mondial, la mémoire graphique n’est pas épargnée. La hausse du prix de la GDDR se traduit immédiatement par une augmentation du coût unitaire des cartes graphiques, indépendamment des progrès réalisés sur la puce elle même.
NVIDIA et DirectX utilisent désormais l’intelligence artificielle pour optimiser l’usage de la mémoire vidéo et réduire fortement la VRAM consommée, mais elles ne suffisent toujours pas à enrayer la pénurie, car la hausse des besoins graphiques et de la demande mondiale continue de l’emporter.
Face à cette situation, les fabricants sont contraints à des arbitrages industriels. Soit ils limitent les volumes de production afin de préserver leurs marges, soit ils répercutent directement la hausse des coûts sur les prix de vente. Dans les deux cas, l’impact est visible pour le consommateur final. Les stocks se tendent, les modèles les plus attractifs deviennent plus chers et les ajustements tarifaires se font rapidement. La pénurie de RAM agit ainsi comme un amplificateur de hausse, accélérant la montée des prix publics sur l’ensemble du marché des cartes graphiques.
Les PC deviennent plus chers à configuration équivalente
La hausse du prix de la mémoire se répercute directement sur le coût des PC assemblés et des ordinateurs portables. Les configurations d’entrée et de milieu de gamme pensées pour offrir le meilleur compromis entre performances et budget sont les premières affectées. Pour maintenir des tarifs attractifs en vitrine, les constructeurs font souvent le choix de réduire la quantité de RAM installée par défaut, au risque de proposer des machines plus limitées dans leurs usages quotidiens.
Cette logique s’inscrit dans un effet cumulatif plus large, une configuration gamer de milieu de gamme repose désormais sur un équilibre entre processeur, carte graphique dotée de plusieurs gigaoctets de mémoire vidéo et stockage rapide de type NVMe. Lorsque chacun de ces éléments voit son coût augmenter, le prix final du PC s’envole rapidement. La différence est encore plus marquée sur les PC portables, où l’intégration poussée et l’absence d’évolutivité empêchent toute optimisation ultérieure, contrairement aux PC fixes qui conservent une certaine flexibilité face à la hausse des composants.
| Configuration | RAM système | Mémoire vidéo | Stockage |
|---|---|---|---|
| PC gamer milieu de gamme | 16 Go | 8 Go | SSD NVMe 1 à 2 To |
| PC bureautique | 8 Go | 2 Go | SSD 512 Go à 1 To |
La pénurie de mémoire provoque un effet domino sur l’ensemble du marché informatique, en alourdissant les coûts de production et de logistique à chaque étape de la chaîne. L’approvisionnement plus complexe, les délais plus longs et la volatilité des prix obligent les acteurs du secteur à revoir en permanence leurs stratégies industrielles et commerciales.
Une pénurie de RAM partie pour durer jusqu’en 2028
La pénurie de RAM s’impose désormais comme une réalité avec des tensions appelées à se prolonger au moins jusqu’en 2028. Loin d’un déséquilibre passager, elle s’inscrit dans une transformation profonde des chaînes de production et des priorités industrielles, largement orientées vers les usages à forte valeur ajoutée. Cette situation installe durablement un contexte où la rareté devient un facteur de référence dans la formation des prix.
Cette dynamique dépasse largement la seule question de la mémoire. Elle irrigue l’ensemble de l’écosystème matériel, des cartes graphiques aux PC complets, en redéfinissant les seuils d’accessibilité et les attentes des utilisateurs. Dans ce cadre, l’acte d’achat ne peut plus se limiter à une comparaison de fiches techniques. Il impose une réflexion en coût global, intégrant l’évolutivité, la durée de vie et l’adéquation aux usages réels. Le marché informatique s’oriente ainsi vers un modèle durablement plus onéreux, où la valeur se mesurera davantage dans le temps que dans l’immédiateté du prix affiché.

